mardi 7 juin 2011

Retour sur le trajet Ulm-Budapest...

Exceptionnellement, je prends directement la main à la place de Dam pour cet article. Promis je lui rends après !

Parés à voyager ? L’échauffement est ok ? Alors, en selle !

Commencez par imaginer un vélo avec les roues démontées, le tout dans une housse, avec un sac type marin et des sacoches, et vous aurez une première idée du barda à déplacer en train, d’Avignon à Paris, puis de Paris à Ulm. C’est ainsi chargé que je sors de la gare de Ulm pour retrouver le célèbre Dam’ attablé à une terrasse. Retrouvailles et mots d’usages avant de redevenir pragmatiques : l’heure est déjà bien avancée, nous devons prendre le train afin d’être à l’heure pour le rendez-vous de ce soir ! Un remontage express du vélo, un achat de billets et une course dans la gare plus tard nous voici dans un train.

Tels sont les premiers instants qui me permettent de mettre un pied dans l’aventure Paris-Vladi. Pourquoi y participer d’ailleurs ? Et pourquoi pas ? Certains utilisent un congé sabbatique pour suivre le sillage de Moitessier, d’autres traversent l’Afrique en 4x4, et Damien roule plein Est en vélo, partant à l’aventure à la force des mollets : le défi sportif, et ma méconnaissance de l’Est de l’Europe ont assurément guidé mon choix.

Mais assez d’état d’âmes, partons sur les chemins à bicyclette !

Un premier constat : c’est moins difficile que je ne le pensais. Bon, soyons réalistes, les premiers jours il a fallu se mettre en jambe, et trouver ses marques en termes de confort… mais musculairement, les 63 et 67km des premiers jours n’ont pas été trop ardus. Et dire qu’au bout des 2 semaines, Damien et moi en rions : « 60 km ? C’est comme aller chercher le pain… ». Il est vrai que nous étions plus sur des étapes de 85 à 93 km/jour… Voilà pour l’aspect sportif, passons au côté « aventure » !

Quitter son monde bien réglé du travail quotidien n’est pas si simple au début, mais on prend vite goût à l’absence de contraintes, pour un autre type de routine. Se lever le matin, déjeuner copieusement, préparer tranquillement son vélo, et se mettre en selle : il ne reste plus qu’à suivre le Danube, et pédaler ! Ne pas savoir de quoi sera faite la journée, ni où nous dormirons est quelque part assez grisant : il s’agit de vivre pleinement chaque instant de la journée, admirer les vols des oiseaux, et les courses des animaux, tenter de les identifier, saluer les autres cyclistes, faire une pause : tout cela peut paraître routinier, mais le décor, l’ambiance est chaque jour différente, et nous encourage à des discussions et réflexions sur nos vies, nos souhaits pour le futur, des réflexions philo/théologiques, des idées plus pragmatiques pour optimiser le fonctionnement des bécanes, faciliter nos déplacements…

Tout cela peut paraître assez rose dans un monde de bisounours, et pourtant une journée aura particulièrement été riche en mésaventures. Je ne résiste pas au plaisir de vous la conter : sur les routes slovaques, 20 minutes après le départ, nous passons devant une ferme, d’où jaillit un chien en pleine course, nous poursuivant de ses féroces aboiements ! Il s’agit de ne pas trainer, et adrénaline aidant nous quittons les lieux à près de 40 km/h sur une route un poil défoncée… à peine le temps de s’en remettre et de souffler, une intersection se présente. Nous choisissons la route ombragée car la carte ne précise rien au sujet de ce carrefour. Et là c’est un sentier type VTT qui nous attend : des racines partout, du sable, des hautes herbes avec les options orties et ronces nous attend durant 40 minutes avant que nous décidions de faire demi-tour. Du coup la route au soleil est plus chaude qu’auparavant, ô joie et bonheur ! Et c’est parti pour rouler en plein cagnard sur le sommet d’une digue du Danube, comme c’est le cas depuis l’Allemagne. La route est un peu caillouteuse, mais ça reste roulant, jusqu’à ce que nous soyons obligés de quitter cette digue salvatrice pour cause de fin de piste cyclable. Direction la route, sur laquelle nous avons eu très très chaud, en raison de la circulation. Autant en Allemagne et en Autriche, les automobilistes nous dépassent en prenant de l’espace, voire comme s’ils doublaient un autre véhicule, autant sur cette route, nous n’existons quasiment pas : les voitures ne prennent même pas la peine de dépasser la bande centrale, aussi lorsqu’une voiture vient en face, une autre nous dépasse, il ne nous reste qu’un (petit) morceau de route, et le fossé tout proche ! Pas glop. Nous retrouvons la piste cyclable avec joie, même si le revêtement est moins bon, nous nous y sentons plus en sécurité…

Continuons à pédaler, et au détour d’un chemin, à l’ombre, je pose pied à terre pour attendre Damien. J’aperçois au sol (à 3m) le morceau de bois que j’avais juste dépassé, remuer ! Ah tiens une vipère, qui aura été effrayée, par le bruit du vélo, et elle fait demi-tour pour retrouver les fourrés. Je reste pétrifié : si j’étais passé 2 minutes plus tard, j’aurais roulé sur ledit « morceau de bois »… Gloups ! Le débrief avec Damien nous laisse quelques sueurs froides, faites de « et si… » ; du coup nous déjeunons peu après pour reprendre des forces.

Vous pensez que c’est fini pour les mésaventures de la journée ? Que nenni ! Nous visons un petit village en fin de journée pour dormir, après 78km, et du vent de face pour finir le parcours. Enfin le finir… ce que nous pensions ! L’hôtel de la ville est fermé, et la seule chambre d’hôtes n’accueille plus de voyageurs : pas de chance ! Il nous faut donc aller à la ville suivante, à 15km… qui paraîtrons long, mais la douche et le lit sont à ce prix ! Une bonne journée bien remplie, avec quelques aventures tout au long de la journée. Et le lendemain nous arrivions à Budapest, terme de mon trajet, et début d’un temps de repos pour Dam.

Au bilan de ces 2 semaines : 836 km parcourus, pleins de rencontres, quelques mots d’allemand appris, 2 mollets en acier, 0 crevaison, et d’innombrables souvenirs et moments passés sur les routes et chemins !

Un immense merci aux familles, amis, amis d’amis qui nous ont accueillis sur ces routes, leurs présences fut un soucis de moins pour nous, et une joie de découvrir leurs vies locales.

Damien est à présent en route pour Istanbul : vivement son prochain billet :)

Laurent
edit: mes photos sur ce lien

5 commentaires:

  1. Merci Laurent pour le récit de tes aventures avec Dam! C'est sympa d'avoir tes échos: quel périple, entre poursuite de chien sauvage, victoire contre vipère, chaleur suffocante et crise du logement! Bon retour à la vie quotidienne!
    Sophie, la sœur de Dam

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  2. En 40 lignes on est parti tres loin du taff! Merci pour votre "usage du monde" version 2 roues

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  3. Je partage les avis de Sophie et Tonio. Les impressions de Laurent nous immergent avec réalisme dans votre quotidien. Les photos illustrent avec bonheur l'écrit. L'on en demanderait plus de commentaires. Je souhaite qu'au retour vous pourrez nous faire partager vos découvertes.
    Les photos des contacts quoiques fugitifs, semblent trés familiers surtout en compagnie des enfants.
    J'attends les premières impressions à l'arrivée à Istambul.
    Patrick Honoré

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  4. Merci pour ces commentaires qui nous font réver mais quel courage avez vous et surtout de partir le matin sans vraiment savoir ou vous dormirez .
    bravo encore et bonne route .
    Jean-louis et Maryse Maussang

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  5. Que deviens-tu?
    Bientôt 20 jours sans nouvelles. C'est long.
    As-tu régler les problèmes de visa ?
    Ton étape à Istanbul doit te laisser de merveilleux souvenirs, j'imagine.
    Vite un petit mot.
    Pensons à toi.
    Patrick Honoré

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